Bonjour André, on a parlé de toi et de ton cursus ISTOM. Maintenant nous allons évoquer tes projets d’entrepreneur. Tout d’abord ça vient d'où ?
J’ai grandi dans un milieu de commerçants, donc j'ai toujours vécu dans un environnement d'entreprise. Tu es libre, tu fais tes choix, si tu réussis tu vis bien. Si tu ne réussis pas tu recommences. Je le dis toujours on apprend surtout de ces échecs. Après moi j’ai la chance d’avoir grandi en zone rurale où la pratique agricole est faite pour les besoins alimentaires de la famille et le surplus est vendu pour des besoins économiques. Chez nous, chaque présent donné ou reçu est une épargne d’économie ou de sympathie faites. De ce milieu, de ces différentes pratiques, j’ai choisi de professionnaliser la chose. La première étape était de se former.
Raconte-nous alors
Après mes études secondaires, j’ai intégré l’Institut Supérieur d’Agriculture et de Gestion d’Obala (ISAGO) en section entreprenariat agricole. Je veux créer un complexe agricole mais je n’ai pas les moyens financiers, alors je vais lancer un produit dénommé NICO FRUIT et je fais de ça mon projet professionnel de soutenance du cycle BTS, je l’ai appelé NICO FRUIT. L’idée est de commercialiser des barquettes de fruits à 1€/la barquette.
En 2022, en sortant de l’école j’ai donc créé l'entreprise NICO FRUIT, j’ai continué mon activité commerciale de barquettes de fruit et la maturation de mon complexe agricole. Il m’a fallu un an pour mettre en place la structure et démarré la commercialisation à prix unique de 1£ soit 600 CFA. Tout fonctionnait, jusqu'au moment où j’ai constaté la différence avec les leaders du secteur agricole au Cameroun. Il y avait déjà de gros exploitants agricoles sur ce marché et il me faudrait plus d’une vie pour devenir un acteur de poids capable de me battre à armes égales avec mes concurrents.
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Dans une année, tu m’as dit vouloir intégrer le master transition énergétique. Quel est ton projet ? ton second projet, ton projet après le succès de NICO Fruit
J’ai effectivement la seconde phase de mon projet qui est le complexe agricole, il est de mettre en place une organisation qui peut se résumer à cette image avec des activités agricoles importantes.
Les complexes agricoles existent dans mon pays mais la valorisation des déchets n’est pas encore la chose la mieux partagée au Cameroun.
L'idée principale est donc de créer un complexe agricole intégré. Nous aurons une première unité de production vivrière à destination du marché local (maïs, piment, patates douces, banane plantain, gombo, pépinière, ...), une unité de production animale à destination du marché national (1000 porcs/an,10000 poulets/mois, 10000 lapins/an, ...), une unité aquacole (qui n'est pas encore bien développée dans le projet) et l'ensemble des déchets va dans l’unité de méthanisation.
Cette vision est venue en majeure partie grâce à l’ISTOM dans les enseignements qui sont dispensés. Au départ, dans ma vision, le projet était limité à la production en ateliers séparés mais aujourd'hui j'arrive à trouver le lien qui est la valorisation des déchets agricoles.
Ce projet d’entreprise je l’ai amélioré grâce aux enseignement ISTOM et aux échanges avec les camarades de promo. Exemple : mes camarades ayant fait des stages au Brésil m’ont présentées des bâtiments d’élevage porcin simples, facilement adaptables à un environnement tropical et aussi bien moins onéreux. Des exemples de ce type il y en a plein, les camarades de l’Istom m’ont permis entre autres de consolider mon projet.
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Entreprendre fait partie des enseignements ISTOM, que penses-tu de l'accompagnement de ton projet professionnel ?
L'accompagnement de l’ISTOM sur mon projet professionnel est à revoir parce que sur la conception et l’organisation des idées nous sommes d’accord mais sur l’organisation économique les réalités sont différentes du fait de l’organisation sociale. Dans mon cas, j'ai un projet qui se construit avec les réalités locales, les structures mises en place par l'État français ne tiennent pas compte de cela. A mon avis le plus important n'est pas d'avoir le business plan mais les moyens pour lancer les premières activités.
En résumé, comment trouver des financements. Que proposerais tu ?
Le financement est la chose qui me manque pour le moment j’espère que votre tribune sera pour moi une source d’accompagnement financière (dons et autres) à mon projet pour le démarrage. Il y a beaucoup d'étudiants entrepreneurs à l’ISTOM, ils ne savent pas avec qui travailler. Je propose une rencontre ou deux par mois entre les étudiants avec des entrepreneurs confirmés, des banquiers ou bailleurs, etc… L’idée est de partager des expériences, comment emprunter, comment garantir… C’est toutes ces choses que nous pourrions discuter ensemble, une sorte de club investisseur ou d’association entreprendre.
Merci André. Tu as dit que ce projet d’entreprise tu le consolides grâce à ton expérience accumulée, à l’enseignement ISTOM et à tes échanges avec tes camarades de promo. Ce sont ces échanges que nous voudrions évoquer avec toi au cours d’un troisième et je pense dernier interview. En substance qu’en est-il aujourd’hui de cette richesse multiculturelle que nous anciens ISTOMIENS nous mettons toujours en avant.
Une illustration photos et un interview réalisé / mis en page par Julie, Pascal et Gilles.

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